HANDBALL : une lionne indomptable nous dévoile tout

A plusieurs reprises, les joueuses de l’équipe nationale de handball du Cameroun ont été victime du problème des primes de match. C’était le cas à la dernière CAN et au Mondial. Et malgré les multiples revendications, le mal peine à être soigné. Pour la circonstance nous sommes entrées en contact avec Lionne qui a pris part à la dernière CAN au Sénégal et qui est offusqué face au comportement des dirigeants du sport camerounais et de la Fédération Camerounaise de Handball. Et par souci de confidentialité, nous n’évoquerons pas le nom de la joueuse en question.

Concernant la dernière CAN, qu’est-ce qui s’est passé pour qu’on en arrive au problème des primes de matchs ?

« Ce qui s’est passé c’est que rien n’a été prévu. Dès le départ nous avons demandé au représentant du ministre de nous faire part de ce qui était prévu comme prime mais il nous a clairement dit qu’il n’avait pas la fiche de décharge en sa possession, on a cru qu’il allait nous la présenter mais hélas, jusqu’à ce qu’il vienne nous dire qu’en cas de victoire de la finale il pourra plaider pour nous ce qui sous-entend que rien n’était prévu. Nous nous sommes concertés entre filles et avons décidé d’y aller car il y en a qui ont besoin de jouer pour espérer décrocher un contrat. On nous apprend finalement que le budget ne prévoit pas de primes de matchs. Cela ne nous intéressait plus parce qu’on se disait que la prime de médaille qu’on allait avoir devait pallier à ce vide. Mais grosse a été notre déception lorsque nous avons appris que nos primes de médaille de bronze étaient à 750.000 Fcfa, moins 11%. Médaille d’argent était à 1.000.000 Fcfa, moins 11%. Médaille d’or 1.500.000 Fcfa, moins 11%. C’est là que les revendications ont commencées. Et lorsqu’on s’adresse au représentant (du ministre) il nous dit clairement que nous n’avons pas d’arguments pour revendiquer quoi que ce soit, d’où la révolte et la frustration lorsque nous voyons nos coéquipière des autres pays être reçue, accueillie à l’aéroport et récompensée par leur gouvernement. Ça fait mal que ne serait-ce que la valeur ou la reconnaissance on ne nous accorde pas cela, on passe inaperçue. Pour rappel, on est rentré en civil médaille dans les sacs. »

Quels sont les retours du staff face à cette situation ? Que disent-ils concrètement ?

« Déjà notre président de la fédération on le voit pas pendant la préparation, le voyage ou après la compétition et lorsqu’on se plaint c’est que nous n’avons pas d’arguments pour revendiquer, donc notre seul argument c’était d’être championne d’Afrique. En ce moment on pouvait espérer revendiquer ou avoir quelque chose. »

Quel était le deal au départ avant le début de la CAN ?

« Je répète que rien n’avait été dit au départ. Il n’y avait pas de fiche, mais subitement lorsque nous avons décidé d’écrire pour signaler que rien n’est prévu, il y a eu une fiche qui est sortie nous présentant des informations non convaincantes. »

Et vous, dans quel état d’esprit vous trouvez-vous actuellement, ainsi que vous coéquipières ?

« Les filles sont frustrées, déçue, découragée aux vues de tous les sacrifices et efforts fournis. »

Est-ce que certaines ont toujours envie de retourner en sélection même si elles sont appelées ?

« Avec le système en place je ne pense pas. Nous comprenons d’ailleurs les prises de fuite de certaines athlètes lors des compétitions, parce qu’au Cameroun et en handball on ne valorise pas l’athlète. »

Jusqu’à présent, un geste a été fait à votre endroit ?

« A part les 890.000 Fcfa prévues pour la médaille d’argent, ce que nous avons demandé qu’on revalorise, nous n’avons rien perçu d’autre. Pas de primes de matchs, pas de prime de qualification pour le mondial 2023, pas de messages de félicitation ou d’encouragement du président de la fédération ou autre. Le chèque que la CAHB avait remis jusqu’ici, nous ne l’avons pas reçu, alors que le président de la fédération avait lui-même dit que ce chèque revenait aux joueuses. »