Mondiaux d’athlétisme 2022 : l’incroyable performance de l’Afrique, boostée par l’Éthiopie
L'Éthiopie a engrangé les 1/3 des médailles africaines à ce rendez-vous américain, un retour au sommet de l'athlétisme africain.
Les 18èmes Championnats du monde d’athlétisme se sont déroulés du 11 au 24 juillet 2022 dans la ville d’Eugene à l’Oregon (États-Unis). L’évènement, qui était prévu un an plus tôt, avait dû être reporté du fait de la pandémie de Covid-19. Comme les éditions précédentes, l’Afrique était bien représentée à ces championnats qui ont vu la participation de 179 nations au total. Le continent a d’ailleurs réalisé sa quatrième meilleure performance, avec notamment 28 médailles décrochées. L’Éthiopie a engrangé à elle seule 10 médailles, dont quatre en or, redevenant le champion africain d’athlétisme pour la première fois depuis 2005.
Éthiopie, Kenya, Ouganda : le trio sur le toit de l’Afrique
Accoutumée à terminer parmi les meilleurs, l’Afrique de l’Est a une fois encore largement contribué au beau bilan du continent, avec 23 des 28 médailles décrochées. En tête, l’Éthiopie, qui s’offre la deuxième place au classement général derrière les États-Unis, suivie du Kenya, 4ème avec 10 médailles (2 en or, 5 en argent, 3 en bronze). Ce dernier enregistre une performance en baisse, après avoir dominé l’athlétisme africain pendant près de deux décennies. De son côté, l’Ouganda a enregistré 3 métaux dont 1 en or et 2 en bronze.
De manière individuelle, l’une des performances les plus retentissantes vient de l’Éthiopienne Faith Kipyegon, double championne olympique du 1 500 mètres qui remporte son deuxième titre de championne du monde après celui de 2017 à Londres. Sa compatriote Letesenbet Gidey, deuxième à Doha en 2019 et médaillée de bronze aux Jeux olympiques de Tokyo, a remporté l’or au 10 000 mètres, tout comme Goytom Gebrelase, qui s’est imposée, record des championnats du monde à la clé, sur le marathon féminin. Sur 5 000 mètres, c’est le recordwoman du 1 500 mètres en salle, Gudaf Tsegay, qui a arraché un titre mondial, après le bronze à Doha (sur 1 500 mètres) puis à Tokyo (sur 5 000 mètres).
Chez les hommes, Emmanuel Korir (Kenya, 800 mètres), Joshua Chepteguei (Ouganda, 10 000 mètres) et Soufiane El Bakkali (Maroc, 3 000 mètres steeple) poursuivent leur domination dans leur discipline respective. Le 5 000 mètres a été remporté par la sensation norvégienne Jakob Ingebrisgtsen, qui a devancé le jeune Kenyan de 21 ans Jacob Krop, sixième lors de la finale de 2019, et l’Ougandais de 20 ans Oscar Chelimo.
Sur le marathon, le coureur éthiopien Tarmirat Tola a réalisé un record des championnats du monde médaillé d’argent aux championnats du monde pour s’offrir son premier titre mondial. Enfin, petite déception, aucune médaille décrochée sur le 1 500 mètres. Timothy Cheruiyot, champion du monde en titre et médaillé d’argent aux championnats du monde de Londres (2017) et aux jeux de Tokyo, a fini à la 6e position.
La première médaille d’or de l’histoire du Nigeria
C’était l’une des performances les plus spectaculaires de ces championnats. La Nigériane Tobi Amusan a battu le record du monde du 100 mètres haies dès les demi-finales en 12.12, puis en dominant la finale en 12.06, un temps finalement non homologué en raison du vent de dos qui soufflait trop fort (2,5 m/s, limite à 2 m/s). C’est le record d’Afrique amélioré à trois reprises, et le record du monde deux fois entre les demi-finales et la finale.
Un sprint décevant
À l’exception de Tobi Amusan, l’Afrique a enregistré un bilan plutôt négatif sur le sprint. Toutefois, la sprinteuse nigérienne Aminatou Seyni, a réalisé le record du Niger en courant en 21.98 lors des séries, terminant à la 4e place finale sur le 200 mètres.
De son côté, l’Ivoirienne Marie-José Ta Lou, pourtant deuxième sur 100 et 200 mètres à Londres et médaillée de bronze sur 100 mètres à Doha, a terminé au 7e rang du 100 mètres, avant de déclarer forfait dès les séries du 200 mètres du fait d’une blessure.
Le relais ghanéen lui, poursuit sa progression en se hissant à la 5e place, avec à la clé un record national (38.07).
Chez les hommes, le coureur sud-africain du 100 mètres Alex Simbine était en finale, tandis que le Kenyan Ferdinand Omanyala, nouvel homme fort du 100 mètres africain avec un record continental à 9.77, a été éliminé aux portes de la finale, déstabilisé par une arrivée tardive à cause du visa qui ne lui a pas été délivré dans les temps. Le botswanéen Letsile Tebogo (19 ans), champion du monde U20 sur 100 mètres, a réalisé un record national en séries (9.94), avant de se faire éliminer en demi-finales, alors que le sprinteur Joseph Fahnbulleh du Libéria (20 ans), a fini quatrième du 200 mètres (19.84).
Fabrice Zango, fierté burkinabè
Sur les concours, le triple sauteur burkinabé Hughes Fabrice Zango, médaillé de bronze à Doha (17,66 m) puis à Tokyo (17,47 m), a cette fois-ci décroché la médaille d’argent, avec un triple bon à 17,52 m.
Sur le saut en longueur féminin, la Nigériane Ese Brume, déjà médaillée de bronze aux JO et aux championnats du monde de Doha, se rapproche du but en finissant médaillée d’argent (7,02 m). En dehors de ces deux athlètes, peu de performances notables à signaler sur les concours.
Pour les athlètes africains, l’heure n’est pas au repos malgré des performances plus ou moins encourageantes globalement. Il faudra rehausser le niveau, alors que les prochains championnats du monde sont annoncés pour 2023 à Budapest, en Hongrie.